| by Christophe 
		Ginter 
 
			
				| (click on photos to enlarge image)
					 LES ORFÈVRES OUBLIÉS DE LA 
					RÉVOLUTION FRANÇAISELe poinçon de garantie de Paris 1788-1793
Cet article se propose de recenser l'activité 
				d'orfèvres oubliés de la ville de Paris, qui n'ont jamais fait 
				l'objet d'un enregistrement de leur poinçon et de leur patronyme 
				en raison du trouble occasionné par la Révolution française du 
				14 juillet 1789. Ces orfèvres inconnus ne sont cités à ma 
				connaissance dans aucun relevé bibliographique établi à ce jour 
				et cette publication contribue ainsi à réhabiliter leur 
				existence d'artisans de qualité. Leurs poinçons bien relevés sur 
				des objets que détiennent des collectionneurs français et 
				étrangers qui s'interrogent, ce qui est bien normal, sur l'authenticité 
				de leurs objets comportant des poinçons d'orfèvres qui n'ont 
				jamais été répertoriés. 
 Les poinçons de ces orfèvres sont relevés sur des objets 
				parisiens produits entre 1788 et 1792, avec un poinçon de 
				garantie dit "de Bernier" marqué de la lettre " P" (pour Paris).
Les poinçons de la garantie de Paris 
				1788-1793
					
						
							| Le 12 novembre 1788, est enregistré à Paris un 
							poinçon de garantie marqué de la lettre "P" sous 
							couronne fermée (royale), le millésime bien lisible 
							en chiffres "88". Poinçon ainsi décrit "P 88". 
 Ce poinçon demeure valable à la date du 5 septembre 
							1789.
 
 Il est par voie de conséquence en usage lorsque 
							surgit la Révolution française située le 14 juillet 
							1789, est normalement accompagné en 1789 et en sus 
							du poinçon de l'orfèvre de poinçons de charge et de 
							décharge fiscale, un "A" stylisé de charge dans un 
							ovale (équivalent à une déclaration fiscale) et une 
							feuille de vigne (ou de chêne selon les auteurs) de 
							décharge qui traduit le paiement de l'impôt.
 |  |  
					
						
							| Le 5 septembre 1789 est mis en service un 
							nouveau poinçon de garantie, la lettre "P" sous 
							couronne fermée (royale), le millésime bien inscrit 
							en chiffres "89" poinçon ainsi décrit "P 89".ll est désormais parfaitement admis que ce poinçon 
							demeure utilisé jusqu'en avril 1793, alors que la 
							corporation des orfèvres de Paris a déjà été abolie 
							dès mars 1791, comme toutes les corporations 
							provinciales de l'Ancien Régime, que les orfèvres se 
							voient alors confisquer leurs outils et tous métaux 
							précieux encore détenus en leurs ateliers lors de la 
							"Terreur" de 1793.
 Il faudra attendre l'année 1797 pour que l'administration 
							remette en place un système de poinçons de titre et 
							de garantie.
 |  |  Cette période très troublée de l'Histoire 
				de France, c'est le moins que l'on puisse dire, et compliquée de 
				surcroît par les nombreux conflits entretenus entre les orfèvres 
				et l'autorité royale, entraîne un défaut d'enregistrement des 
				orfèvres qui souhaitent se faire recevoir à Paris vers 1789, des 
				maître "oubliés" depuis lors. Quelques orfèvres enregistrés 
				auparavant abandonnant dès 1791 toute représentation de l'ancienne 
				monarchie dans leur poinçon.
 Représentation de poinçons d'orfèvres non 
				identifiésCi-joint le relevé illustré de 
				quelques orfèvres toujours inconnus et correspondant à la 
				période de Paris 1789-1791, 
					
						
							|  | Poinçon = DA sous fleur de lys couronnée, étoile 
							légèrement en pointe. 
 La marque de l'orfèvre relevée sur des pièces de 
							couverts, avec le poinçon P 89.
 
 Cet orfèvre n'est plus cité en 1798 (période dite "au 
							1er coq") avec un poinçon losangique confirmant 
							encore son activité.
 |  
					
						
							|  | Poinçon = (D trèfle S) sous fleur de lys 
							couronnée, R en pointe.
 La marque de l'orfèvre relevée sur différentes 
							pièces d'orfèvrerie, avec le poinçon P 88.
 
 Cet orfèvre n'est plus cité en 1798 (période dite "au 
							1er coq") avec un poinçon losangique confirmant 
							encore son activité.
 |  
					
						
							|  | Poinçon = (L symbole indéterminé G) sous fleur 
							de lys couronnée, sur B en pointe. 
 La marque de l'orfèvre relevée sur différentes 
							pièces d'orfèvrerie, avec le poinçon P 89.
 
 Ce maître n'est plus cité après 1798.
 |  
					
						
							|  | Poinçon = (P une gerbe E) sous fleur de lys 
							couronnée, sur T en pointe. 
 La marque de l'orfèvre relevé e sur de très 
							nombreuses pièces d'orfèvrerie, avec le poinçon P 89.
 
 Cet orfèvre n'est plus cité en 1798 (période dite "au 
							1er coq ") avec un poinçon losangique confirmant 
							encore son activité.
 |  
					
						
							|  | Poinçon = (N grain V) sous fleur de lys 
							couronnée.
 La marque de l'orfèvre relevée sur de très 
							nombreuses pièces d'orfèvrerie, avec le poinçon P 89.
 
 S'agit-il d'un second poinçon non répertorié de 
							Nicolas Vial, reçu à Paris en 1781, encore cité en 
							1793 ? Ou celui de Nicolas Vatinelle, maître de 
							Paris en 1769, encore cité en 1791 ?
 |  
					
						
							|  | Poinçon = (G symbole proche du fleur de lys et 
							seconde lettre peu lisible, un P ?) 
 La marque de l'orfèvre relevée sur une pièce marquée 
							de Paris P 89.
 
 Le poinçon peut-être tronqué.
 
 Cet orfèvre n'est plus cité à priori encore actif en 
							1798.
 |  Autres orfèvres employant un poinçon révolutionnaire 
				(1791-1793)
					
						
							|  | Poinçon = A en chef sur (P bonnet de 
							sans-culotte M) sur R en pointe. 
 Orfèvre : Augustin Philippe MOCQUIN, dit "Rogeland", 
							reçu à Paris en 1771, toujours cité en 1793.
 
 Son poinçon de l'Ancien Régime datant de 1771 
							demeurant inconnu.
 
 Cet orfèvre n'est plus cité en 1798.
 Le poinçon ci-joint observé avec la garantie P 89 
							citée ci-dessus.
 |  
					
						
							|  | Maître orfèvre indéterminé, initiales BTT (?), 
							ayant abandonné les symboles de l'Ancien Régime (fleur 
							de lys couronnée à Paris). 
 Poinçon usé P 89 de Paris, la charge peu lisible, 
							lettre A stylisée dans un ovale.
 
 Ce maître exerce-t-il encore en 1798, nul ne le sait.
 |  ConclusionLa plupart des quelques observations citées dans cet article 
				ont été faites à partir de pièces d'orfèvrerie considérées comme 
				mineures (couverts, quelques pièces de forme comme des timbales). 
				Ce qui exclut, tant mieux, toute tentative de contrefaçon par 
				des faussaires internationaux peu scrupuleux. 
 L'étude de la période révolutionnaire française et de sa 
				production d'orfèvrerie demeure à ma connaissance largement 
				inexplorée, malgré tout son intérêt historique.
 |  |